Rencontre Montaigne Tupinambas

Histoire dun voyage en la terre du Brésil Léry. Découverte dun nouveau monde découverte de lautre. Versions du mythe du bon sauvage Defoe Robinson Crusoé Philosophe, il se passionne pour les auteurs antiques comme Cicéron ou encore Virgile. Son éducation et son goût pour lhumanisme le pousse à explorer, avec ses travaux décriture et en particulier les Essais dès 1571, il prend lêtre humain comme objet détude. rencontre montaigne tupinambas This website uses cookies to ensure you get the best experience on our website. Without cookies your experience may not be seamless. Combés, Isabelle, La Tragédie cannibale chez les anciens Tupi-Guarani. Paris, Presses Universitaires de France, 1992. Ils se peuvent aviser, celui qui en est le maître, fait une grande assemblée 32Ce passage, comme caché à la fin du chapitre, peut être vu comme lutilisation par Montaigne des Tupinambas pour montrer du doigt ce que lui ne peut faire les incohérences et les injustices de son propre monde : incohérente la règle de succession qui demande quun enfant soit le maître de lEtat, injuste cette société qui donne le luxe à quelques-uns et la misère à tant dautres. Cest un double défi lancé à deux maîtres puissants : le Roi et la richesse. On pourrait passer sur la première remarque des Indiens, car elle sonne à peu près vrai et Montaigne pourrait toujours opiner que cest leur méconnaissance des lois de ce côté-ci de lAtlantique qui a provoqué létonnement des Indiens. Mais lénorme critique qui suit pourrait bien être lœuvre de Montaigne, un Montaigne rusé et prudent, certes, mais un Montaigne capable de laisser ses opinions courir leur fantasie pour dénoncer les étrangetés, ordinairement inaperçues, de son monde, tout comme la Folie dÉrasme riait dun ordre social peu légitime. Tout laisse donc penser quil a pu adapter, voire inventer la seconde réponse des Indiens. Cette hypothèse est comme renforcée par la mention de cette troisième réponse soi-disant oubliée. Sturtevant, William C, First Visual Images of Native America, in Fredi CHIAPPELLI éd, First Images of America. Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1976, vol. I, p 417-454. Les valeurs intellectuelles : la raison et la réflexion prime sur les préjugés rencontre montaigne tupinambas rencontre montaigne tupinambas Les cannibales évoqués par Montaigne 1533-1592 sont les Indiens Tupinambas, qui vivaient sur le vaste territoire de la France antarctique, dans la baie de Rio de Janeiro. Occupée en 1555 par Villegagnon, elle était devenue une possession française destinée à abriter les huguenots; elle sera conquise par les Portugais quelques années plus tard. Objets dune curiosité immédiate en Europe, les peuples autochtones furent longuement décrits dans les ouvrages décrivains voyageurs comme André Thevet et Jean de Léry, Genevois dadoption. Comme il le raconte dans Des Cannibales, Montaigne avait pu rencontrer trois Tupinambas qui avaient été emmenés en France pour être présentés au roi Charles IX. Son texte aura une grande influence sur la représentation européenne de la vie sauvage. Le terme cannibale dérive dune tribu, rencontrée par Christophe Colomb, qui pratiquait des rites anthropophagiques. Elle donna également son nom aux Caraïbes actuels. Sahlins a montré que lindigence matérielle des sauvages nest pas le signe dune incapacité technique ou intellectuelle à tirer le meilleur parti des ressources naturelles, mais est bien plutôt lexpression dune volonté délibérée de ne pas produire plus que nécessaire et de limiter le temps consacré à la production de biens matériels afin de libérer le plus de temps possible pour dautres activités : leur rationalité économique, si rationalité économique il y a, loin de régir la totalité sociale, est subordonnée à des fins non économiques. Pierre Clastres parle de sociétés du refus de léconomie. La certitude que lévolution des sociétés ne peut emprunter quun seul chemin, celui que trace en éclaireuse la civilisation occidentale, et que ce chemin conduit à la perfection sociale et humaine et au bonheur universel, finira par simposer comme une évidence, et justifiera par la suite les programmes dits de développement. Cette vision de lhistoire universelle est si ancrée dans les esprits que son caractère foncièrement ethnocentrique passe inaperçu. Cest ainsi quon ne cesse de sinterroger sur le mystère du miracle économique occidental, et sur les raisons pour lesquelles, comme le dit ironiquement Marshall Sahlins, telle ou telle société donnée na pas réussi à atteindre ce summum bonum de lhistoire humaine que serait le bon vieux capitalisme ; alors que, poursuit-il, nul ne se demande pourquoi les chrétiens européens ne sont pas parvenus au cannibalisme rituel des Fidjiens dont ils étaient si près. Champ de vision restreint des Européens limité à leur mode de viefaçon de penser. Platon, et les poètes qui ont composé sur le mythe de lâge dor, sont restés en-deçà de la vie que mènent les Tupinambas. Même si cette affirmation relève dune hyperbole, elle reste un symbole fort car elle montre que, pour Montaigne, la société des Tupinambas est ce qui a existé de meilleur, que ce soit dans la réalité ou dans limaginaire de lHomme. A lhorreur naturelle de manger son semblable, sajoute une raison religieuse : détruire un cadavre, cest empêcher la Résurrection, et donc aller contre lordre du monde. Une condamnation cependant relativisée M. Gauchet, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Gallimard, Paris, 1985. Enquêter, cest essayer de reconduire autant que faire se peut nos commentaires et nos travaux conceptuels aux frontières de la réalité des textes et des auteurs, et au-delà jusquaux portes des vies ordinaires et des expériences vives qui les sous-tendent, au point où les mots et les idées trouvent leur incarnation dans un monde substantiel. Pour cela il faut suspendre nos conclusions et nos commentaires et revenir au texte au texte écrit, mais aussi à la réalité comme texte, ainsi que le pratique lherméneutique de Gadamer. Avant dêtre chassés à lintérieur du continent par larrivée des Portugais, les Indiens Tupinamba occupaient une grande portion du littoral brésilien. Ils y cultivaient le manioc, la patate douce et le maïs. Ils puisaient leurs protéines dans la chasse et la pêche. Mais leur passe-temps favori était dattaquer un village voisin, pour venger leurs propres guerriers morts lors dun précédent combat. Lors des batailles, ils se préoccupent surtout de faire des prisonniers pour les manger. À cette fin, chaque guerrier portait une corde enroulée autour du corps. Les prisonniers étaient ensuite ramenés au village pour être consommés immédiatement, ou bien plus tard, par tous les villageois ensemble. À noter quun jeune guerrier ne pouvait pas se marier sans avoir tué un ennemi pour démontrer son courage. Éviter de finir à la broche.